ADELE ROMANY (? 1769-1846 PARIS) Portrait d'Amélie-Justine et de Charles-Edouard Pontois signé 'Adl. Romany 1800' (en bas à gauche) Huile sur toile 91,9 x 73 cm. (36 1/8 x 28¾ in.)
Paris, Salon de 1800, no. 325 (sous le titre 'Portrait d'une jeune personne et de son frère').
Literature
T. Ch., Le nouveau Arlequin et son ami Gilles au Museum ou la vérité dite en plaisantant. Critique piquante, en vaudevilles, des tableaux, dessins, sculptures et autres objets précieux, Paris, 1800, no. 325. E. Bellier and L. Auvray, Dictionnaire Général des Artistes de l'école française depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours, Paris, 1881-1882 (reed. 1997), 2, p. 437.
Provenance
Collection personnelle de l'artiste, puis par succession à ses descendants jusqu'au début de l'année 2008.
Notes
Un ensemble de portraits de famille par Adèle Romany (lots 75 à 80) Les six tableaux par Adèle Romany (1769-1846 Paris) présentés ci-après sont des portraits de famille (ils représentent la tante et les cousins de l'artiste) que l'on pensait disparus jusque récemment. Couvrant une vaste période allant de la fin du XVIIIème siècle au début de la Restauration, ils sont restés dans la collection personnelle de l'artiste jusqu'à sa mort, puis ont été transmis à ses différents héritiers. Il semblerait qu'ils aient été peints au château de Juilly, en région parisienne, construit par la famille de l'artiste sous le règne de Louis XVI (le château est d'ailleurs visible sur l'un des tableau ici présentés, Portrait de la famille de l'artiste posant devant le château de Juilly). Certaines de ces oeuvres ont été dispersées au gré des successions dans divers endroits de France au XIXème siècle et dans la première moitié du XXème siècle. Elles ont finalement été à nouveau rassemblées au château de Juilly à partir des années 1950, endroit où elles étaient encore conservées par les descendants d'Adèle Romany au début de l'année 2008.
La réapparition de ces oeuvres, dont certaines sont complètement inédites, offre l'opportunité de compléter la connaissance du travail et de la vie familiale de cette artiste. Egalement connue sous les noms d'Adèle de Romance ou Adèle Romanée, Adèle Romany est née Jeanne-Marie Mercier en 1769. Fille naturelle du marquis de Romance, capitaine de la garde, et de Jeanne-Marie Mercier, une femme mariée, elle fut légitimée par son père à l'âge de neuf ans et adopta alors le nom de Romance. Une fois adulte, elle substitua le prénom d'Adèle à celui de Jeanne-Marie et c'est sous ce nouveau nom qu'elle mena sa carrière d'artiste. On sait qu'elle épousa en 1790 le peintre miniaturiste François-Antoine Romany dont elle eut une fille, Aglaé-Aimée. Après son divorce en 1793, elle eut deux enfants illégitimes de deux pères différents : Louise-Lucie Cosnefroy de Saint-Ange et Edmond-Jules Feline. Dans les tableaux ici présentés, l'artiste a choisi de représenter non pas sa famille directe mais celle de sa tante, Justine-Louise Mercier, ainsi que les enfants et petits-enfants de cette dernière. Le fait que ces tableaux soient restés en sa possession jusqu'à sa mort permet de penser qu'Adèle Romany entretenait des liens particulièrement forts avec cette branche de sa famille. En particulier, il semblerait qu'elle était particulièrement attachée à sa petite-cousine, Amélie-Justine Pontois, qu'elle représenta à de nombreuses reprises (elle apparaît ainsi dans quatre des six tableaux présentés ci-après).
D'un point de vue artistique, il semblerait qu'Adèle Romany ait suivi sa formation au sein de l'atelier pour femmes dirigé par l'épouse de Jean-Baptiste Regnault. Elle fut très présente au Salon, exposant plus de quatre-vingts oeuvres entre 1793 et 1833. Elle est surtout connue pour ses portraits d'artistes qu'elle se plaisait à représenter dans le costume de leur rôle de prédilection. Parmi ses modèles les plus célèbres figurent notamment le danseur Marie-Auguste Vestris, l'acteur Fleury ou l'actrice Emilie Leverd.
La redécouverte de ces six portraits permet de suivre l'évolution artistique d'Adèle Romany sur une période de plus de trente ans, de ses premières oeuvres, profondément marquées par la manière précise et ferme de Jean-Baptiste Regnault, à ses oeuvres de maturité, où la technique de l'artiste s'est adoucie et où l'on perçoit une sensibilité pré-romantique. Elle met en outre en lumière le talent de coloriste d'Adèle Romany ainsi que sa virtuosité dans le rendu des différentes étoffes.
No VAT will be charged on the hammer price, but VAT payable at 19.6% (5.5% for books) will be added to the buyer’s premium which is invoiced on a VAT inclusive basis Ce portrait d'une extrême douceur représente les deux petits-cousins de l'artiste : Amélie-Justine Pontois, peinte à de nombreuses reprises par l'artiste, et son petit frère, Charles-Edouard Pontois. Ils étaient les enfants de la cousine germaine de l'artiste, Charlotte-Marie Mercier. Amélie-Justine Pontois (1788-1867) épousera en 1818 Louis-Marie-Amable Laidin de la Bouterie. Charles-Edouard Pontois (1792-1871), quant à lui, mènera une carrière prestigieuse, devenant ambassadeur de France au Brésil, aux Etats-Unis puis à Constantinople, avant d'être nommé grand officier de la Légion d'Honneur, pair de France et d'être annobli en 1839 par Louis-Philippe (devenant ainsi comte de Pontois ; Fig. 1). On peut reconnaître le tableau sur l'une des gravures réalisées par Monsaldy et Devisme, représentant les différentes salles d'exposition du Salon de 1800 (Fig. 2), ce qui permet d'affirmer avec certitude que ce tableau est bien celui qui fut exposé par l'artiste en 1800 sous le numéro 325 sous le titre 'Portrait d'une jeune personne et de son frère'. 1800 fut l'année des premiers succès d'Adèle Romany auprès de la critique. En particulier, un des autres tableaux qu'elle exposa cette année, Portrait de l'auteur avec ses deux enfants (no. 323), fut loué par les commentateurs pour son 'expression gracieuse' (voir Landon, 'Peinture : Exposition du Salon au Musée', Journal des Arts, des Sciences et de Littérature, no. 86, 2 octobre 1800, pp. 211-213). Le présent tableau, quant à lui, fut également très apprécié ainsi qu'en témoigne le poème suivant, que l'on peut lire dans Le nouveau Arlequin et son ami Gilles au Museum ou la vérité dite en plaisantant :
'Air : de l'amitié vive et pure. Qu'il est gentil ce frère ! Arlequin : Qu'elle est gentille sa soeur ! Gilles : J'aime beaucoup ce frère, Arlequin : Moi j'aime encore mieux sa soeur. Gilles : Je voudrais bien que ce frère/Devint l'ami de ma soeur. Arlequin : Je voudrais que de mon frère/sa soeur fut la belle-soeur. Gilles : Je crois que nous les faisons rire. Restons un peu, ils vont surement nous parler. Arlequin : Adieu charmante enfant, c'est à regret que je vous quitte (...)'.