Description
PAIRE DE MEUBLES A HAUTEUR D'APPUI D'EPOQUE LOUIS XV LIVREE EN 1764 PAR GILLES JOUBERT (1689-1775)
POUR LA SALLE DE BAINS DE LOUIS XV A VERSAILLES
En placage de bois de rose, violette, amarante et palissandre à décor de croisillons, ornementation de bronze ciselé et doré, dessus de marbre Brocatelle restauré, la façade légèrement bombée ouvrant par un vantail ; Marques : Du n° 2307 - 3 ; Du n° 2307 - 4 ; W à l'encre noire ; le monogramme BV timbré d'une couronne royale apposé au fer
Hauteur : 94,5 cm. (37 1/4 in.),
Largeur : 78 cm. (30 3/4 in.),
Profondeur : 41,5 cm. (16 1/4 in.)
A PAIR OF ROYAL LOUIS XV ORMOLU-MOUNTED, KINGWOOD, TULIPWOOD, AMARANTH AND ROSEWOOD MEUBLES A HAUTEUR D'APPUI DELIVERED IN 1764 BY GILLES JOUBERT (1669-1795)
FOR LOUIS XV'S SALLE DE BAINS IN VERSAILLES
A l'origine, cette paire de meubles faisait partie d'un ensemble de quatre, dont l'histoire est connue grâce aux travaux de Pierre Verlet (1). Il fut livré par Gilles Joubert, le 1er juin 1764, pour la salle de bains des petits appartements de Louis XV situés au second étage du château de Versailles, autour de la cour des Cerfs et de la petite cour intérieure du Roi.
En effet, à cette date, le Journal du Garde Meuble de la Couronne, consignait sous le numéro 2307 la livraison de quatre encoignures en armoires cintrées sur plan devant et derrière de bois violet et rose en mosaïques à placages et dessus de marbre brocatelle d'Espagne, ayant chacune un guichet fermant à clef avec entrées de serrures, cartouches et autres ornements de bronze ciselé et surdoré d'or moulu, hautes de 33 pouces sur 19 pouces de profondeur (2). Les meubles, ordonnés à Joubert le 23 janvier 1764 par l'administration du Garde Meuble, furent exécutés dans moins de six mois et le mémoire de travaux de l'ébéniste offre quelques renseignements supplémentaires quant à leur aspect : ils ouvraient par un guichet cantonné de pilastres de chaque côté et étaient ornés haut et bas de fortes moulures et sur les pilastres d'un double rang de moulure, un panneau sur chaque porte et quatre coins d'ornements et des agrafes haut et bas sur les pieds, le tout très riche, bien ciselé et surdoré d'or moulu (3).
A l'origine, les encoignures furent conçues de forme quasi-ovale pour s'adapter aux quatre coins curvilignes de la nouvelle salle de bains du roi, établie en 1763. Les meubles y furent inventoriés en 1765 (4), puis furent enlevés de cette pièce lors de sa transformation et du rattachement au nouvel appartement de Madame Du Barry, sans toutefois quitter Versailles, où ils se trouvaient toujours en 1775 (5), avant d'être envoyés à Paris le 22 janvier 1776 : Renvoi du Garde Meuble de Versailles au Garde Meuble de la Couronne, N°2307 - 4 encoignures en armoire cintrées sur plan devant et derrière de bois violet et rose en mosaïque à placage (6). Cette même année, les meubles que nous présentons ici furent transformés en encoignures par Riesener, l'ébéniste attitré du Garde Meuble royal, qui modifia leur aspect pour les rendre de plan triangulaire. Dans son mémoire du 3 mai 1776, Riesener consignait en détail son intervention : Livré 2 encoignures provenant de deux armoires N°2307 - 4. Avoir coupé les côtés et ajusté les pilastres sur les angles. Les avoir plaqué de même que les portes et avoir ajuté et remis à neuve la garniture de bronze doré en or moulu. Pour ce 196 lt chacun, valent les deux la somme de 392 lt. Avoir coupé les dessus de marbre pour les rendre triangulaires suivant le plan des encoignures, les avoir fait mastiquer et ajuter des morceaux aux angles. Pour ce 38 lt chacun, valent les deux la somme de 76 lt (7). Modéré par l'administration, ce travail fut finalement payé à l'ébéniste du Garde Meuble respectivement
380 livres et 72 livres.
Certainement, l'autre paire d'armoires basses avait subi concomitamment la même métamorphose par les soins de Riesener, mais, hélas, le mémoire de l'ébéniste n'est pas conservé pour celle-ci. Après cette date, les quatre encoignures sont séparées. En 1786, notre paire se retrouve à Bellevue, résidence de Mesdames Tantes du feu roi Louis XV, comme le témoignent aussi bien la marque BV apposée sur l'une des encoignures, que l'inventaire des meubles de ce château et du domaine dressé par l'administration du Garde Meuble, la même année : Bellevue. Château de Brimborion. 1er étage - Salon. N°2307 - 2 encoignures de bois de rose en mosaïque et à dessus de marbre (8). Petit pavillon de plaisance construit sous la Régence, le château de Brimborion acquis par Madame de Pompadour en 1750, se situait en bord de Seine, en contrebas du plateau de Bellevue dont il était relié par la partie de jardin disposée au nord de l'édifice (9). Intégré au domaine de Bellevue depuis cette époque, le pavillon resta inchangé du temps de Mesdames, qui confièrent à l'architecte Richard Mique le réaménagement de son parc en jardin anglais orné de fabriques (10).
Enfin, l'autre paire d'encoignures se trouvait en 1790 dans le Grand cabinet de Madame Adélaïde, aux Tuileries (11). Nous perdons la trace des quatre meubles pendant les troubles révolutionnaires, mais, certainement à la fin du XVIIIe siècle ou pendant les premières années du XIXe, les encoignures furent à nouveau réunies et transformées en armoires bases. En effet, la pièce reproduite par Verlet dans son ouvrage sur le Mobilier royal français (12), qui se trouvait alors dans une collection privée et qui était l'une des deux anciennes encoignures des Tuileries, présente les mêmes modifications que notre paire. A la différence de cette dernière, elle avait perdu les appliques en bronze sur les montants, qui représentent un cartouche fleurdelisé.
LES PETITS APPARTEMENTS DU ROI LOUIS XV AU SECOND ETAGE
DU CHATEAU DE VERSAILLES
Expression de l'engouement de Louis XV pour les petits espaces appelés à préserver la vie intime du roi, les petits appartements établis au second et au troisième étage, dans l'aile nord du château de Versailles, sont structurellement liés aux transformations de la cour des Cerfs et de la petite cour du roi, débutées en 1723 et poursuivies jusqu'en 1769 (13). Vers 1741, le second étage comportait, hormis plusieurs commodités, une petite galerie éclairée sur la cour de Marbre, dont les murs étaient recouverts de tableaux de Boucher, Carle van Loo, Lancret ou Parrocel, et qui aboutissait à un cabinet d'angle situé entre la cour de Marbre et la cour royale, un cabinet particulier avec son antichambre, les deux pièces de la bibliothèque reliées par une galerie longeant le côté nord de la cour des Cerfs, une seconde antichambre, qui distribuait le cabinet Lazure et une salle à manger d'hiver. C'est dans cette dernière pièce (en jaune sur le plan reproduit d'après Verlet), éclairée sur le côté oriental de la cour des Cerfs, que fut aménagée une nouvelle chambre des Bains en 1764. Après l'installation en 1770 de Madame Du Barry dans les petits appartements du second étage, cette pièce se vit convertie en seconde antichambre servant de salle à manger. Après la chute de la favorite, l'intégralité de l'appartement, devint le logement de Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas (1701-1781), ministre d'Etat de Louis XVI.
GILLES JOUBERT
Né en 1689 dans une famille de menuisiers du faubourg Saint-Antoine, Gilles Joubert fit son apprentissage chez le marqueteur Pierre Daneau et accéda à la maîtrise entre 1714-1722 (14). Il quitta le faubourg pour s'installer d'abord dans l'île de la Cité, en 1714, puis rue Saint-Honoré, en 1722 et, enfin, rue Sainte-Anne, à l'angle de la rue l'Evêque, en 1757, où il décéda en 1775. Joubert avait commencé à livrer le Garde Meuble de la Couronne en 1748 et resta le principal pourvoyeur de meubles de cette administration jusqu'à la fin de sa vie, pour laquelle il livra près de 4 000 pièces pendant ses vingt-six années d'activité. A la mort de J.-F. Œben en 1763, il obtint le titre d'ébéniste du roi. Les grandes commandes débutèrent en 1755 avec les deux encoignures destinées à accompagner le médailler de Gaudreaus pour le cabinet intérieur de Louis XV à Versailles : leur marqueterie à croisillons, assortie à celle du meuble exécuté par son prédécesseur, n'est pas sans rappeler le motif des placages qui recouvrent notre paire d'encoignures et auquel Joubert resta fidèle pendant de longues années, en l'adaptant aux diverses fluctuations stylistiques. Il exécuta des commandes pour le roi, la famille royale et pour les personnages de la Cour et contribua à l'ameublement des châteaux de Versailles, de Choisy, de Fontainebleau, de La Muette, participa également en 1768 à l'installation du Petit Trianon, etc. Pour répondre au nombre important de commandes de l'administration royale, il pratiqua la sous-traitance et collabora avec ses confrères Coulon, Denizot, Macret, Criard, Dubois, Foullet, Cramer, etc. et, surtout, Roger Vandercruse, dit La Croix, ainsi qu'avec les marchands merciers Hébert et Poirier.
Bibliographie :
1-P. Verlet, Le mobilier royal français, t. IV, Meubles de la Couronne conservés en Europe et aux Etats-Unis, Paris, Picard, 1990, n°7, p. 52-54.
2- Arch. nat., O1* 3318, f°28.
3-Arch. nat., O1* 3616.
4-Arch. nat., O1* 3451, Versailles, Inventaire des meubles, 1765.
5-Arch. nat., O1* 3344, Inventaire général des meubles de la Couronne, 1775, t. III, f°302 v°.
6-Arch. nat., O1* 3560, f°49.
7-Arch. nat., O1* 3625.
8-Arch. nat., O1* 3379, p. 180.
9-Arch. nat., O1 1533, pièce 352 : élévation antérieure du pavillon de Brimborion, dont la façade était restée inchangée depuis sa construction, à l'époque de Mesdames.
10-Pierre Mercier, Histoire du petit Château de Brimborion : des amours de Mme de Pompadour aux révolutionnaires de 1794, Nîmes, Lacour-Ollé, 2004.
11-Arch. nat., O1* 3418, p. 210.
12-P. Verlet, op. cit., voir illustration p. 53.
13-P. Verlet, Le château de Versailles, Paris, Fayard, p. 457.
14-A. Pradère, Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, Paris, Chêne, 1989, p. 208-219.
Le certificat de libre circulation de bien culturel ne nous est pas parvenu
La vente pourra être résolue sans frais en cas de défaut d'obtention du certificat de sortie du territoire, si l'acheteur le souhaite
The passport has not been received yet
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