PARIS 1610 - 1696 NATURE MORTE AUX PCHES DANS UNE COUPE DE PORCELAINE BLEU BLANC MING SUR UN ENTABLEMENT LOUISE MOILLON ; STILL LIFE WITH PEACHES IN A CHINESE MING PORCELAIN ON AN ENTABLATURE ; SIGNED AND DATED LOWER RIGHT ; OIL ON PANEL Signé et daté en bas à droite Louyse Moillon 1629 Huile sur panneau 51 x 71 cm ; 20 by 28 in
Natures mortes du XVIIe siècle des écoles espagnole, française, flamande
hollandaise, Paris, Galerie de l’Elysée, novembre - décembre 1950;
Le pain et le vin du XVIe siècle à nos jours, Paris, Galerie
Charpentier, 1954;
Vier Eeuwen Stilleven in Frankrijtk, Rotterdam, Musée Boymans, 10
juillet - 20 septembre 1954;
La nature morte et son inspiration, Paris, A. Weil, 19 avril - 15 mai
1960.
Literature
A. Sutherland Harris et L. Nochlin, catalogue d’exposition Women
Artists: 1550- 1950, Los Angeles, 1976-1977, p.141-143;
Bulletin du Musée Carnavalet, Collections historiques de la ville de
Paris publ. sous le patronage des "Amis de Carnavalet", Tome III, 1950,
repr. fig. 6;
J. Wilhem, « Louise Moillon » in L’Œil, septembre 1956, n°21,
repr. p. 7;
M. Faré, La nature morte en France son histoire et son évolution du XVIIe
siècle au XXe siècle, Genève, 1962, tome II, repr. planche 37;
M. Faré, Le grand siècle de la nature morte en France, le XVIIe siècle,
Fribourg, Paris, 1974, repr. p. 52;
M et F. Faré, « Louise Moillon, Les Girardot, marchands de bois
parisiens, et une œuvre inédite de Louise Moillon » in la Gazette
des Beaux-Arts, 1986, septembre, p. 49-65, p. 58;
H. Chastain Sowa, Louise Moillon, seventeenth century still life artist,
Chicago, 1998, mentionné p.11;
D. Alsina, Louyse Moillon, La nature morte au Grand Siècle, catalogue
raisonné, Dijon, 2009, repr. p. 110, fig. I.
Provenance
Antérieurement dans le commerce, Mme Heim;
Galerie J. O. Leegenhœk, Paris, 1943;
Collection Salavin, Paris en 1944;
Par descendance jusqu'aux actuels propriétaires
Notes
Datée 1629, l'oeuvre présentée est la première oeuvre signée et datée
connue de l'artiste Louyse Moillon. Peintre de nature morte, elle est,
avec Jacques Linard ou encore François Garnier, l'une des première
peintre française de nature morte.
En effet, ce sujet considéré comme mineur par les français, ne sera apprécié
du grand public qu'à partir de Louis XIII. Les premières oeuvres françaises
connues de ce type sont datées des années 1620 et étaient appréciées des
érudits qui les considéraient comme des objets de curiosité méritant de
figurer dans les cabinets de curiosité ou dans leurs intérieurs rafinés.
Avec la date 1629 notre tableau est l'une des toutes premières natures
mortes françaises connues.
L'oeuvre que l'artiste a voulu d'envergure de par sa taille (les natures
mortes étaient alors bien plus petites) et sa qualité picturale a été
signée par la jeune femme dans une caligraphie magnifique pour laquelle
on imagine qu'elle s'est entrainée avant d'apposer de manière si
parfaite son nom sur le panneau dont elle devait être très fière.
Au vu de la qualité de l'oeuvre, on imagine que Louyse, formée par son
beau-père François Garnier, n'en était pas à son premier tableau. Elle
n'a cependant que dix-neuf ans lorsqu'elle s'attaque à cette oeuvre
d'une sensibilité et d'une intériorité époustouflante. Le tableau par
son dénuement et sa force nous invite à la réflexion.
Cette sentation brutale face à une oeuvre si puissante devait être le
but recherché par l'artiste. En effet, les premières natures mortes françaises
ont été peintes par des artistes protestants dans la tradition des
tableaux hollandais. La nature doit être représentée comme on la perçoit
sans être embellie ou modifiée, elle doit nous inviter à une réflexion
sur le temps qui passe.
Chez les artistes français, les oeuvres sont généralement très dépouillées
et laissent aux fruits ou aux fleurs la place principale. Les pêches
sont reproduites avec un réalisme saisissant. En effet il semble
qu'elles viennent d'être cueillies et ont encore de la poussière sur
leur duvet. Ces fruits sont posés dans une coupe de porcelaine
bleu-blanc chinoise. Depuis le début du XVIIe siècle, la compagnie des
Indes orientales, basée en Hollande, commercialise des porcelaines
importées de Chine. Les européens étaient friands de cette vaisselle
chinoise. Il s'agissait d'un objet de curiosité très précieux et rare
uniquement à portée des gens aisés. Le père de Louyse, Nicolas Moillon était
considéré comme un bourgeois. On peut donc imaginer que Louyse a connu
la porcelaine chinoise chez ses parents. Ce plat posé sur un entablement
dont il occupe quasiment tout l'espace est entouré d'une grappe de
raisin à gauche et d'une feuille de vigne à droite. Cette composition très
simple et parfaitement équilibrée se dégage sur un fond sombre dont
volontairement elle ne nous dit rien. L'entablement, qui fait partie de
la composition, est décrit avec le même réalisme que les fruits. On
remarque cette lumière qui arrive du coté gauche sur les pêches et
dessine l'ombre de la coupe sur l'entablement. Cela positionne la
composition dans l'espace et ajoute au réalisme de la scène.
Louyse Moillon est l'une des premières femmes peintres dont le nom est
parvenu jusqu'à nous. En effet, avec Artemisia Gentileschi et quelques
autres artistes italiennes, elle fait partie de ces femmes, qui malgré
la difficulté à s'imposer dans le milieu artistique de leur époque, ont
réussi à laisser une trace dans l'histoire de l'art. L'une comme l'autre
a bénéficié de l'aide d'un père peintre, les ateliers de formation ne
leur étant pas ouverts, il s'agissait de l'un des seul moyen pour une
femme d'apprendre la peinture. Aussi notre tableau, le premier peint par
Louyse est l'une des première nature mortes française mais aussi l'une
des première oeuvres peinte par une femme reconnue et considérée comme
une artiste de son vivant.