Lot 78: LOUIS-GABRIEL BLANCHET

LOUIS-GABRIEL BLANCHET PARIS 1705 - 1772 ROME PORTRAIT DE CHARLES CLAUDE FLAHAULT DE LA BILLARDERIE, COMTE D'ANGIVILLER, AVEC UN ENFANT TENANT UN PANIER DE FLEURS Signé, localisé et daté en bas au centre L.G.Blanchet/ pinxt.Rome/ 1765 Huile sur toile d'origine Louis-Gabriel Blanchet ; Portrait of Charles Claude Flahault de la Billarderie, Comte d'Angiviller, with a child holding a basket of flowers ; Signed, inscribed and dated lower centre ; Oil on canvas 135 x 100 cm ; 53 by 39 1/3 in

Acquis par l'oncle de l'actuel propriétaire à Paris au tout début du XXeme siècle;
Par descendance jusqu'au père de l'actuel propriétaire

Ce portrait, réalisé en 1765 par Louis Gabriel Blanchet présente le charismatique Charles Claude de la Billarderie, Comte d'Angiviller. La vie et la carrière de son portraitiste Louis- Gabriel Blanchet demeurent encore un mystére mais l'on sait qu'il reçut le second prix de Rome en 1727 ainsi que la protection de personnes influentes telles que le directeur de l'Académie de France, Vleughels et du Duc d'Aignan, ambassadeur de France en Italie. On pense que Louis-Gabriel Blanchet passa la plus grande partie de sa carrière à Rome et l'on suppose qu'il y aurait rencontré le comte d'Angiviller, particulièrement attiré par l'antique, ce qui explique la réalisation du présent portrait. L'artiste fut d'ailleurs qualifié d'honorable portraitiste en son temps.

Issu de la noblesse d'épée, le célèbre Charles Claude de la Billarderie, Comte d'Angiviller poursuivit quant à lui la tradition de ses ancêtres en servant les armées du Roi. Il connut une carrière militaire brillante sous Louis XV pendant laquelle il s'illustra par exemple à la célèbre bataille de Fontenoy en 1745. Il fut nommé directeur général des Bâtiments du Roi en 1774 et développa à partir de cette date, son goût immodéré pour l'urbanisme, les lettres, les arts et les sciences, s'occupant à la fois des commandes royales d'œuvres d'art mais aussi de la construction et de l'entretien des résidences royales. Acteur important dans le domaine scientifique et artistique durant les années précédant la Révolution, le comte d'Angiviller accorda une importance accrue aux bâtiments, à la création en s'intéressant d'une façon renouvelée à la notion de patrimoine. Il fut à l'origine d'un des projets patrimoniaux les plus ambitieux et révolutionnaires, celui de l'installation du Musée Royal dans la grande galerie du Louvre qui visait à rassembler et déposer tous les tableaux du Roi dans la galerie pour la postérité.

Homme du siècle et personnage influent, de nombreux artistes portraiturèrent ce comte aux multiples facettes. Parmi les plus célèbres d'entre eux : Lagrenée (1783, Allégorie relative à l'établissement du Muséum, Musée du Louvre), Greuze (1763, Metropolitan Museum of Art) ou encore Duplessis (1779, Musée de Versailles), tableaux présentant toujours ces traits physionomiques propres au modèle : visage charnu, sourcils épais et courbés, lèvres pincées. La description littéraire de la personnalité du comte par Jacques Silvestre De Sacy illustre elle-aussi parfaitement notre tableau, l'auteur caractérisant le comte par son « extérieur froid », sa «courtoisie extrême et sa timidité jointe à une grande sensibilité. »[1] Le modèle est ici présenté accompagné d'un enfant, image de l'homme de pouvoir, charismatique et sûr de lui, dictant par un geste ferme ce qui doit être accompli pour servir le roi. La diffusion du style antique doit beaucoup au comte d'Angiviller, qui contribua à réintroduire le « style à l'antique », ce qui explique probablement pourquoi il se présente ici devant une colonnade. Succédant au marquis de Marigny à la surintendance des Bâtiments du roi, il appliqua par exemple les principes d'alignement des villes antiques à Versailles, tout en accordant autant d'importance à l'esthétique romaine.

[1] Jacques Sivestre de Sacy, Le comte d'Angiviller, dernier directeur général des Bâtiments du Roi, Editions d'histoire et d'art, Plon, Collection « Ars et Historia », Paris, 1953, p104.