Lot 243: FRANÇOIS RATY (1928-1982) "Diable d'Océanie"

FRANÇOIS RATY (1928-1982) "Diable d'Océanie" spectaculaire sculpture en ronde bosse en terre patinée noire, réhaussée de lignes sinueuses d'émail cuivré formant tatouages sur l'ensemble du corps et du visage. signature manuscrite incisée "Raty 65" sous un pied. haut. 55 cm - Larg. 26cm François Raty est un potier-poète qui façonne de son imaginaire la pâte, tendre, pour laquelle il a une prédilection. Surréaliste, il insuffle à ses chimères la troisième dimension rapprochant par là-même son art des écrivains, fantasques, qu'il côtoie (Eluard, Prévert etc..) dans la célèbre petite ville des Alpes-Maritimes où il s'installe dès 1951. Opposés à tous les conformismes, les céramistes qui sillonnent Vallauris décident cette même année d'appliquer les grands principes du modernisme où se mêlent étroitement formes expressionnistes et sensibilité méditerranéenne. héritier des conteurs enfantins et de René Maurel, qui lui fait découvrir les secrets de l'émaillage, Raty fait naître sous ses mains des animaux d'inspiration orientale ou précolombienne dans un vocabulaire plastique pur... privilégiant ici le modèle du faune, qui n'est pas sans rappeler une figure chère à Picasso - que celui-ci adopta après la lecture de l'Après-midi d'un faune de Mallarmé - Raty instille à ce clin d'oeil une origine presque sacrée. En effet, en ajoutant une coupe dans les bras de ce diable, il l'inscrit dans une filiation séculaire en l'assimilant au culte du Byeri pratiqué par un groupe ethnique africain : Les Fang. La statue, en préservant son contenant rituel, sous nos yeux devient alors un gardien... en nous éveillant au secret de la création par le prisme de différents niveaux de lecture, Raty nous guide au sein de sa mythologie sobre, que vient corroborer la simplification des volumes. Le trait, unique, de l'artiste vient alors se fondre dans cet art de la terre et du feu afin de parer le diable de son mystère. Comme un tatouage, l'émail arpente son corps, nous révélant ainsi de l'artiste toute sa poésie...