Lot 4: EXCEPTIONNELLE SPHÈRE ARMILLAIRE ET SON PIÈTEMENT Probablement France, XVIIe siècle, pour la sphère Attribué à Pierre GOUTHIÈRE (1732-1813) pour le piètement Reçu Maître Fondeur Ciseleur en 1758

EXCEPTIONNELLE SPHÈRE ARMILLAIRE ET SON PIÈTEMENT
Probablement France, XVIIe siècle, pour la sphère
Attribué à Pierre GOUTHIÈRE (1732-1813) pour le piètement
Reçu Maître Fondeur Ciseleur en 1758
Matériaux
Laiton, bronzes dorés et ivoire
H. 33 cm, diam. 18 cm
€ 120 000 - 150 000
Cette notice et l'illustration sont en partie extraites du superbe
catalogue d'exposition qui eut lieu à la Galerie Kugel en 2002, rédigé
par Alexis Kugel en collaboration avec le Docteur Van Cleempoel et
Jean-Claude Sabrier : Sphères, l'art des mécanismes célèstes, éd. J.
Kugel, Paris, 2002.
Instrument scientifique par excellence, la sphère armillaire a pour fonction de représenter l'univers tel qu'il était perçu depuis l'Antiquité. Issue du latin armilla (anneau), elle se compose principalement de cercles concentriques de différents diamètres représentant les principales coordonnées.
Instrument de mesure et de démonstration, cet objet scientifique symbolise à partir du XVe siècle et du XVIe siècle, l'universalité et
les grandes découvertes. Il devint même l'emblème d'Henri Ier de
Portugal dit Le Navigateur (1512-1580). Notre modèle, d'une grande
rareté, fut probablement exécuté en France à la fin du XVIe siècle ou
au début du XVIIe siècle. Les anneaux gravés se déploient autour d'un
axe centré d'une boule en ivoire. La préciosité de cet objet digne des plus grands cabinets de la fin de la Renaissance a été magnifiée sous le règne de Louis XVI par l'adjonction d'un superbe piètement en bronze ciselé et doré répondant au grand goût néoclassique.
Les pieds à enroulement sont agrémentés d'une feuille d'acanthe et
viennent en applique d'une urne cannelée.
Des guirlandes pendantes de lauriers relient chacun d'eux. Comble
du raffinement, le dessous de ce piètement est centré d'une corolle de feuillages. Ce travail, d'une superbe qualité de dorure et de ciselure peut être attribué au grand bronzier Pierre Gouthière.
Cet instrument d'astronomie figure l'ensemble de l'univers et notamment le mouvement des astres. Les six grands cercles indiquent l'équateur, l'écliptique (route du soleil divisée en douze signes du zodiaque), l'horizon, le méridien et les deux colures (équinoxes et solstices). Les quatre autres cercles marquent les Tropiques du Cancer et du Capricorne ainsi que les deux cercles polaires. La boule d'ivoire placée au centre symbolise la Terre, positionnée au centre de l'univers selon la conception ptolémaïque. La construction de ce type d'objet varia assez peu comme on peut le voir dans cette armillaire datée vers 1500 conservé au Musée d'Oxford qui adopte le même schéma que notre oeuvre. Les différences apparaissent surtout si la sphère s'inspire de la vision copernicienne de l'univers selon laquelle le soleil est placé au centre de l'univers et tournent autour de lui Mercure, Vénus puis la Terre accompagnée de la Lune, son satellite. Décrite pour la première fois par Ptolémée vers 150 ap. J.-C., elle devint à partir du XVIe siècle un objet de luxe destiné aux Princes, aux Empereurs et offerts comme cadeau diplomatique. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la sphère armillaire est l'accessoire du cabinet d'étude ou de la bibliothèque. Les matériaux utilisés deviendront de plus en plus précieux. Les artisans auront notamment recours à l'emploi abondant du bronze doré et de l'argent pour donner à cet objet une qualité tant scientifique qu'esthétique.