Lot 61: EXCEPTIONNELLE PENDULE À L'ÉLÉPHANT REPOSANT SUR SON SOCLE À MUSIQUE Attribué à Jean-Joseph de SAINT-GERMAIN (1719-1791)

EXCEPTIONNELLE PENDULE À L'ÉLÉPHANT REPOSANT SUR SON SOCLE À MUSIQUE
Attribué à Jean-Joseph de SAINT-GERMAIN (1719-1791)
Paris, vers 1750
Matériaux
Bronzes patinés et dorés, écaille brune
H. 72,5 cm, L. 45 cm, P. 25,5 cm

Mobilier Classqiue Horlogerie

Provenance
Ancienne collection de la Baronne L., Belgique
Ancienne collection du Général Chardigny
Collection privée, France

À travers cette pendule, c'est le rêve immémorial des pays lointains,
pittoresques ou sensuels, qui est ainsi illustré. L'influence d'un Orient mi authentique mi rêvé fut immense sur les arts décoratifs, où l'exotisme associé au plus extraordinaire savoir-faire a donné naissance à des chefs-d'oeuvre comme cette pendule.
Conçue en deux parties, la pendule proprement dite est composée d'un éléphant barrissant en bronze patiné, reposant sur une base rocaille en bronze ciselé et doré décorée de feuillages et de rinceaux. Il est harnaché d'une ceinture et supporte un cadran de forme circulaire, indiquant les heures et les quantièmes en chiffres arabes ainsi que les
jours de la semaine. Ce dernier accueille sur son pourtour un réseau
de feuillages et est sommé d'un putto. L'ensemble repose sur sa base
formant boîte à musique et à timbres, ayant conservé son mécanisme
d'origine. La musique joue aux heures et aux demies un peu avant que
la sonnerie des heures fonctionne et change d'air automatiquement.
Entièrement plaqué d'écaille brune, le coffret est rehaussé d'un riche
décor de bronzes finement ciselés et dorés. Traduisant la fascination
pour cet Orient imaginaire, la première représentation dans les arts occidentaux d'un éléphant fut publiée en 1499, associé à un obélisque
égyptien dans l'Hypnerotomachia Poliphili de Francesco Colonna.
En outre, au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle, la présence
d'un éléphant parmi les présents des ambassadeurs du Roi du Siam
frappa également les esprits contemporains. La venue en Europe d'un
rhinocéros vivant, montré en 1749 à la Cour de Versailles réactiva
fortement l'attrait pour les animaux exotiques. Aussi, à côté du succès
des pendules ornées de rhinocéros, se placent celles à l'éléphant. Le
modèle de l'éléphant lui-même fut sans doute inspiré des porcelaines
Kakiemon importées en Europe et copiées notamment par les manufactures de Saint-Cloud et surtout de Meissen.

Particulièrement célèbre, ce modèle de pendule à l'éléphant doit être rattaché à la production de l'un des plus importants bronziers parisiens du milieu du XVIIIe siècle, Jean-Joseph de Saint-Germain (1719-1791). Passionné de botanique, reçu Maître fondeur en terre et en sable en 1748, Saint-Germain exécuta de nombreuses pendules portées par un animal, associant alors de manière novatrice bronzes dorés et bronzes patinés. Signées ou non, Saint-Germain exécuta plusieurs pendules à l'éléphant, apparaissant mentionnées dans son stock dès 1747 (cf. J.-D. Augarde, Jean-Joseph de Saint Germain, H. Ottomeyer, P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Munich, 1986, Vol. II, p. 538). Lui-même vantait cette production comme emblématique, se faisant apparaître en tant que : «Saint-Germain, maître fondeur, ciseleur et modeleur fait et vend toutes sortes de boîtes pour dorer en or moulu ou en couleur d'or, comme en bronze... boîte éléphants, à lion, à taureau et autres... »
Acquise au cours du premier tiers du XXe siècle par la Baronne L.,
cette pendule fit l'objet d'une grande attention de la part de cette
dernière , si l'on en juge toute la correspondance établie avec Michel Besinovitch dans laquelle la Baronne évoque ses difficultés à trouver une « pendule éléphant » de très grande qualité.
Superbement modelée et ciselée, cette pendule célébrant l'éléphant
peut être comparée à quelques rares exemples similaires conservés
dans d'importantes collections tant la qualité du modèle et l'état de
conservation sont exceptionnels .