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Lot 12: CRAVAN, Arthur

Est: €25,000 EUR - €35,000 EURSold:
Christie'sParis, FranceJuly 03, 2019

Item Overview

Description

CRAVAN, Arthur
Maintenant, revue littéraire
Paris, Imprimerie Paul Birault, 1912-1915

ENSEMBLE COMPRENANT :
1. DEUX EXCEPTIONNELLES LETTRES AUTOGRAPHES D’ARTHUR CRAVAN : “SI J’AI PEUT-ÊTRE UNE PETITE QUALITÉ COMME POÈTE C’EST QUE J’AI JUSTEMENT DES AMOURS FOUS”.
2. UN EXEMPLAIRE COMPLET ET SIGNÉ PAR ARTHUR CRAVAN DE SA REVUE MAINTENANT.

ARTHUR CRAVAN, “UN MÉTÉORE, UNE ÉTOILE FIXE AU CIEL SURRÉALISTE” (André Breton)

1. Lettre autographe signée d’Arthur Cravan à André Level : “Barcelone, 19 janvier 1916 [...] étant venu pour faire de la boxe à Barcelone, je suis obligé d’attendre encore. Du reste, je ne pense pas rester ici. Je partirai d’abord pour les îles Canaries, Las Palmas en toute probabilité, et de là pour l’Amérique, le Brésil. Ce que j’irai y faire ? Je ne pense pas répondre autrement qu’en disant que je voyagerai pour aller voir les papillons. C’est peut-être absurde, ridicule, impratique mais c’est plus fort que moi et si j’ai peut-être une petite qualité comme poète c’est que j’ai justement des amours fous, des besoins immodérés : je voudrais voir le printemps du Pérou, avoir l’amitié d’une girafe et quand je lis dans le Petit Larousse que l’Amazone avec un cours de 6420 kil. est le premier par son débit des fleuves du monde, ça me fait un tel effet que je ne pourrai pas même le dire en prose [...] je déteste absolument tout le monde à l’exception d’une ou deux personnes”... 4 pages à l’encre bleue, (177 x 111mm)
2. Lettre autographe signée. d’Arthur Cravan à une correspondante non identifiée : “Barcelone, 3 juin 1916 [...] Mon nom véritable est Fabian Lloyd [...] j’ai signé pour un autre combat et je vais descendre en ville pour en arrêter les conditions”. Le sujet de la lettre concerne principalement un envoi d’argent. 4 pages à l’encre bleue 174 x 137mm). L’encre a partiellement bavé

PIÈCES JOINTES : à la recherche d’Arthur Cravan : 2 lettres autographes signées d’Otho Lloyd St Clair, frère d’Arthur Cravan, adressées à Bernard Delvaille, datées de 1957 : elles confirment les quelques éléments connus de la vie d’Arthur Cravan -- projets de publications aux éditions E. Losfeld : réédition de Maintenant (1957) par Bernard Delvaille, texte de José Pierre, Fragments (1971), texte posthume d’Arthur Cravan, J’étais cigare

EXEMPLAIRE DE MAINTENANT :
6 fascicules in-12 (192 x 143 mm) piqués à cheval :
- 1ère année N° 1. Avril 1912. AVEC LA SIGNATURE AUTOGRAPHE D’ARTHUR CRAVAN sur le plat supérieur
- 2e année N° 2. Juillet 1913
- 3e année N° 3. Octobre-Novembre 1913
- 3e année N° 4. Mars-Avril 1914
- 3e année N° 4. Nouvelle édition augmentée. Mars-Avril 1914
- 4e année N° 5. Mars-Avril 1915

BROCHÉS, tels que parus. Boîte signée de Georges Leroux. Box noir, titre Maintenant en lettres de box gris mosaïquées sur le plat supérieur et le dos, petit compartiment à part pour les lettres. Fascicules partiellement dégrafés

L’œuvre d’Arthur Cravan est minime : les six petits numéros de sa revue Maintenant et quelques lettres, tous aussi rares les uns que les autres. On connaît quelques lettres de Cravan enfant, quelques lettres à sa seconde femme Mina Loy à la fin de sa vie, et celle-ci, centrale, adressée au marchand d’art André Level. Tout Arthur Cravan tient dans ces quelques lignes datées de janvier 1916, au tournant de sa vie : le poète, le boxeur à Barcelone, le voyageur rêvant d’ailleurs, fantasmant un art de vivre se confondant avec la poésie.

André Level raconte les circonstances de sa rencontre avec Arthur Cravan et cite en totalité le contenu de cette lettre extraordinaire dans Souvenirs d’un collectionneur (1959) : “Un curieux homme que je connus au commencement de la guerre et qui se rattache bien, comme on le verra plus loin, à mes souvenirs de collectionneur, fut cet Arthur Cravan, haut de deux mètres, qui passait pour le fils d’Oscar Wilde et rédigeait tout seul une petite revue intermittente et outrageusement humoristique, Maintenant, où il prenait à partie, dans des termes de caserne, presque tous les peintres et les écrivains, à part son père putatif. Il vivait... très mal, comme on peut le penser, à cette époque, des rares opérations de courtage en tableaux qu’il pouvait réussir et c’est ainsi que je le rencontrai... Sa détresse, jointe à des dons indéniables de poète, m’émut et je fus heureux de lui faire faire quelques affaires... Il s’appliqua à réunir le plus vite possible quelques fonds afin de quitter la France pour l’Espagne. C’est alors qu’il m’apporta un assez ancien Matisse en même temps qu’un Picasso que je trouvai singulier, du commencement du cubisme, m’assura-t-il, en me priant de ne pas le montrer à son auteur à cause du vendeur à qui il avait promis de ne pas le révéler - affaire où je me laissai prendre à cause de ma confiance en lui, car, abstraction faite de sa violence, quand il tenait la plume du critique d’art, il avait beaucoup de sensibilité et de goût. Je me trouvait donc, sans le savoir, lui fournir, en lui achetant ces deux tableaux, les moyens de gagner Barcelone. Pour vivre, il s’y fit battre comme boxeur par le célèbre Jack Johnson et gagna ensuite l’Amérique du Sud où il trouva, d’une manière qui n’a jamais été bien déterminée, la mort qu’il craignait de rencontrer dans les débats guerriers de la vieille Europe.
Entre-temps, j’appris assez vite que mon Picasso était d’Ortiz de Zarate qui, plus tard, fort aimablement, me le signa. En revanche, Matisse reconnut, comme je le pensais, son oeuvre dans l’autre tableau.
J’avais oublié tout cela et gardé bon souvenir, tout en le plaignant, du pauvre Cravan, quand je reçus de Barcelone, en janvier 1916, la lettre suivante qui le peint tout bien entier”.

Arthur Cravan restera un an dans la capitale catalane, en 1916, pour fuir la Première Guerre mondiale. Son combat de boxe contre Jack Johnson eut lieu le 23 avril 1916 dans les arènes de La Monumental de Barcelone. Puis il embarqua pour les États-Unis.
Cet exemplaire, signé, de la revue Maintenant est bien complet des six numéros, dont la seconde édition du n° 4, augmentée.

RÉFÉRENCE : Arthur Cravan, Œuvres, sous la dir. de Jean-Pierre Begot, Paris, 1987, p. 207 et suiv.

Artist or Maker

Auction Details

Bibliothèque Paul Destribats - 1ère partie

by
Christie's
July 03, 2019, 02:30 PM CET

9 Avenue Matignon, Paris, 75008, FR