Niccolò di BUONACCORSO Documenté à Sienne de 1372 à sa mort en 1388 La Vierge à l'Enfant en trône, sainte Catherine, saint Barthélémy et deux anges Peinture à l'œuf et fond d'or sur panneau de bois Annoté 'FIAT' sur le phylactère tenu par l'Enfant (Agrandi d'une bande de toile de 1,60 cm en partie inférieure et anciennement rogné en partie supérieure, restaurations anciennes) Sans cadre The Virgin and Child with saint Catherine, saint Bartholomew and two angels, tempera and gold on panel, by N. di Buonaccorso h: 25,80 w: 19 cm Provenance : Collection Jakob Goldschmidt, Berlin ; Sa vente, Francfort-sur-le-Main, Hugo Helbing, 23 juin 1936, n° 73, fig. 2 ; Acquis par le père de l'actuelle détentrice dans les années 1950 ; Collection particulière, Normandie Commentaire : Ce lot est présenté à cette vente à la suite d'un accord juridique entre l'ensemble des ayants-droit de Jakob Goldschmidt et l'actuelle détentrice. Etant donné son état lacunaire, nous ne pouvons pas affirmer quelle était la fonction première de ce panneau. Le départ d'une arcade et le dessin en pointe du dossier du trône, bien que tronqués, indiquent sans doute un centre de triptyque ou un volet de diptyque portable. Jusqu'il y a peu de temps lorsque sont réapparues des œuvres de Niccolo di Buonaccorso de grand format comme les éléments du retable de Costalpino (région de Sienne) signé et daté 13871, cet artiste était considéré par la critique comme l'un de ces " Minor Simonesque Masters "2, à l'égal de ses contemporains, Paolo di Giovanni Fei, Lucca di Tommé, le Maître de la Pietà ou Bartolo di Fredi, auteurs de nombre de tableaux de dévotion de faibles dimensions, destinés à la dévotion personnelle d'une clientèle particulière et qui reprenaient et adaptaient les modèles des grands peintres siennois du début du XIVe siècle : Simone Martini et les frères Lorenzetti. A cet égard, le catalogue des œuvres de Niccolo di Buonaccorso offre de nombreux exemples de formats rectangulaires ou gâblés, à la technique raffinée où abonde le travail de l'or des drapés traités " a sgraffito", technique que Simone Martini avait le premier utilisé avec justesse et parcimonie à partir de l'Annonciation du Dôme de Sienne en 1315 (Florence, Offices). Citons entre autres les triptyques avec 'La Madone et Enfant en trône et des saints'3, Trois 'Vierges d'Humilité'4, le diptyque du 'Mariage mystique de Sainte Catherine' et la 'Crucifixion'5 ; les panneaux provenant de Santa Maria Nuova à Florence6 dont le 'Mariage de la Vierge' (Londres) est la seconde œuvre signée de Niccolo di Buonaccorso avec la 'Madone et l'Enfant' (Kreuzlingen, collection Kisters)7 , centre du retable de Costalpino cité ci-dessus. La carrière de Niccolo se déroula à Florence mais surtout à Sienne où il est mentionné pour la première fois en 1372 assumant des fonctions publiques et peignant en 1385 une couverture de livre de la Biccherna, institution gouvernementale de Sienne. Inscrit à l'Arte dei pittori' de cette cité entre 1378 et 1386, sa formation dut se dérouler plus tôt, sans doute auprès de Jacopo del Pellicciaio. Il disparut en 1388. Notre tableau réapparait ici pour la première fois depuis sa vente signalée en 1936 où il figurait déjà sous le nom de Niccolo di Buonaccorso. L'artiste y reprend le traditionnel schéma de composition de ses petits tableaux intimistes où la Vierge et l'Enfant trônent au centre d'une cour de saints et d'anges. Dans le haut de la composition, de part et d'autre du trône, deux d'entre eux la contemplent sagement. Dans le bas se tiennent, debout à gauche, sainte Catherine tenant en mains un livre et la palme du martyr évoqué par la grande roue de son supplice posé près d'elle et, à droite, saint Barthélémy, reconnaissable à son abondante barbe, le livre et le couteau de son supplice en mains. Tous ces personnages prennent corps sous l'action d'un léger éclairage modelant les formes décrites par une ligne souple, délicate et raffinée. La Vierge assise sur un large trône à haut dossier pointu recouvert d'une riche draperie ornementale, présente l'Enfant debout sur ses genoux. Cette iconographie découle de Simone Martini (Maestà de 1315, Sienne Palais Public) mais le modèle lorenzettien n'a pas échappé au regard du peintre lorsqu'il choisit de représenter les bras du trône largement évasés et éclairés avec justesse8. Malgré ces emprunts, Niccolo apporte sa note personnelle dans l'expression de l'espace dégagé où les personnages s'insèrent parfaitement malgré l'exiguïté du format dans une disposition étagée autour du trône et du piédestal. Notons que le dessin de ces deux éléments, larges marches grises bordées de rouge, se retrouve dans sa 'Madone d'humilité' du triptyque de Bloomington. Comme signalé plus haut, notre tableau n'échappe pas à l'utilisation généreuse de la technique " a sgraffito " que Niccolo choisit pour décrire les vêtements des saints personnages et les tentures drapées, utilisant à cet effet une palette chromatique de rouge rosé et de violacé pour les vêtements tous bordés de liserés dorés vibrant sous l'éclairage, faisant de cette œuvre un petit écrin orfévré. 1. M. Boskovits,"Su Niccolo di Buonaccorso, Benedetto di Bindo e la pittura senese del primo quattrocento" 'Paragone', 359-361, 1980, p. 3-7 et P. Palladino , 'Art and devotion in Siena after 1350, Lucca di Tommé and Niccolo di Buonaccorso', San Diego, Timken Museum of Art, 1997. 2. C. Weigelt, Apollo, 1931. 3. Prague, Galerie Nationale n°21200 ; Sienne, collection Salini. 4. San Diego, Timken Museum; Bloomington, Indiana University Art Museum, inv.76-39; Paris, musée du Louvre RF1976-7. 5. L'Aquila, Museo Abruzzo, n°333. 6. 'Couronnement de la Vierge', New York, Metropolitan Museum, Collection Lehman 1975-1.21 ; 'Présentation de la Vierge au Temple', Florence Offices, n° 1115 ; 'Mariage de la Vierge', Londres, National Gallery, n°1109. 7. Sa vente, Londres, Christie's, 23 avril 1993, n° 37. 8. Pietro Lorenzetti, 'Vierge à l'Enfant et anges', vers 1340, Florence, Offices. Estimation 60 000 - 80 000 €